Les mutuelles
Pour compliquer les choses, certains actes sont limités en nombre (1 implant par an, par exemple) alors que d’autres sont mieux remboursés (les inlays core à 400% alors que les autres actes à 200% par exemple). Il existe autant de cas de figure que de contrats, des milliers donc. De trop nombreux praticiens (plus de la moitié) adaptent leurs tarifs aux conditions de remboursement de la Sécu. Sous prétexte « d’arranger le patient » le praticien demandera de lire le contrat de mutuelle (ou à en connaître le nom dans le cas de contrats collectifs comme pour les enseignants) et rédigera son plan de traitement (et devis) de façon à ce que la «part à charge» du patient soit la plus petite possible. Il faut espérer que cette pratique ne modifie pas le plan de traitement lui-même, mais toujours est-il que les tarifs, dans un même cabinet et pour le même acte, peuvent varier de simple au triple, suivant que les actes soient bien remboursés au non. Rien de choquant pour la plupart des patients, tant l’image sacrée du médecin est forte. Rien de choquant non plus pour les dentistes qui trouvent cette pratique tout à fait acceptable, voire bénéfique pour le patient. Sauf qu’il s’agit là, techniquement, juridiquement, d’une escroquerie à assurance. Imaginez un garagiste se comporter de la sorte et il risquera la correctionnelle. Un couvreur sur-facturant des tuiles et sous-facturant une gouttière en fonction des conditions de remboursement d’une assurance serait bien vite inquiété par de légitimes procédures pénales… pas les dentistes.
Tant et si bien qu’il est aujourd’hui interdit pour un assureur de recommander le dentiste le moins cher à son client. Alors même que l’assureur possède l’information, il n’a pas le droit de la divulguer à son client. Même quand le dentiste en question a signé une convention avec l’assureur. A quoi servent ces conventions alors ? Pour les syndicats de dentistes, de faire semblant de collaborer avec les complémentaires de santé, de façon à occuper le terrain et calmer les ardeurs de réforme. Pour les assureurs, à faire avancer leur projet (aujourd’hui avorté, mais pas abandonné) de pouvoir proposer aux assurés des cabinets « conventionnés » moins chers que le marché actuel. |
|